J'aime mon monde (Soo Bin)

Ye Hyun, un imbécile heureux ? Avouons que ce n’est pas le terme le plus adéquat pour le qualifier. Mais le fait est là, et en un sens Soo Bin n’avait pas tort, le jeune décoloré n’était pas vraiment ce que l’on pourrait appeler une personne vive d’esprit. Pas qu’il soit stupide hein ? Au contraire, il était même plutôt intelligent, c’est juste qu’il avait cette fâcheuse tendance à prendre son temps pour tout. Tendance qui avait le don d’en insupporter plus d’un, la preuve. En commençant par ses professeurs et sa famille tout de même. Combien de fois le jeune coréen avait il put entendre sa nourrice lui répéter « Dépêche toi si tu ne veux pas être en retard ! ». Aujourd’hui c’était à ses grands-parents de lui dire cette fameuse phrase chaque matin… Et croyez vous qu’il retenait la leçon ? Non, pas du tout. A 18 ans, Ye Hyun restait toujours aussi lent. Vraiment désespérant, on peut le dire.
Tout ça pour venir au fait qu’aujourd’hui n’était pas une exception, et qu’à son habitude, Ye Hyun avait trainé à la fin des cours, la tête dans les nuages jusqu’à ce qu’il bouscule Soo Bin.

D’ailleurs, lorsqu’il le reconnu une petite moue s’afficha sur son visage, disparaissant bien vite pour retrouver l’air impassible qu’on lui connait si bien. Ce n’est pas que le décoloré n’était pas content de voir l’autre adolescent. Il n’avait rien contre lui, et lui était même parfois reconnaissant du fait qu’il se comporte de cette façon avec lui. Mais il n’avait pas envie d’être encore disputé. Car comme un enfant d’une dizaine d’années ; âge mental qu’on pouvait parfois lui donner ; Ye Hyun n’aimait pas qu’on hausse la voix contre lui. Et il en était presque sur, Soo Bin allait encore râler. Surtout qu’il venait de le bousculer et de lui faire tomber ses affaires. Bon, le mieux était de s’excuser d’abord. C’était la moindre des choses, et avec un peu de chance, le brun ne lui en voudrait pas trop? Hum… pas vraiment.

Soo Bin : « Au lieu de rester planté là comme un piquet, tu ne pourrais pas m’aider à ramasser mes papiers qui par ta faute sont tombés ? »

Pour toute réponse, Yu Hyun acquiesça d’un mouvement de tête et s’accroupi à son tour, son tic nerveux apparaissant soudainement. Peut être que Soo Bin l’avait remarqué, mais très souvent le décoloré se mordait la lèvre inférieure lorsqu’il se sentait mal à l’aise, anxieux ou angoissé. Un peu comme maintenant. Mais son tic disparu bien vite lorsqu’il remarqua que le brun commençait à s’énerver.

« Laisse. »

Sans un mot de plus, Yu Hyun s’empara des fiches que l’autre adolescent tenait dans ses mains, sans brusquerie bien évidemment, et entreprit de les ranger correctement lui-même. Même s’ils ne suivaient pas les mêmes cours, puisqu’il avait un an de moins que Soo Bin, il avait tout de même réussit à se retrouver dans les différentes fiches de cours. Et au bout que quelques minutes il finit par se relever, espérant ne pas avoir fait d’erreurs et lui tandis ses affaires. C’était sa façon à lui s’excuser pour lui être rentré dedans.

Et finalement, tandis qu’il observait le brun, Ye Hyun se perdit dans ses pensées. Oh, rassurez vous, il avait toujours conscience de ce qui se passait, elles concernaient Soo Bin justement. C’est en admirant ses yeux sombres qu’une question lui avait traversé l’esprit. Une question qu’il s’était déjà posé à de nombreuses reprises mais à laquelle il n’avait jamais trouvé d’explications. Une question qui pouvait sembler bien naïve et idiote, mais qui dérangeait tout de même le jeune décoloré. Mais s’il ne la posait pas à Soo Bin il ne risquait pas d’obtenir une réponse de si tôt n’est-ce pas ? Alors, finalement, il reprit la porale, chose qui était pour le moins surprenante venant de lui.

« Pourquoi tu es toujours en colère après moi ? Je t’ai rien fait. »

Et là-dessus, il croisa ses bras sur son torse, ce qui clairement voulait signifier : « Je ne bougerai pas tant que tu n’auras pas répondu.». Oui, comme un enfant, encore une fois.



[ si ça ne te va pas, dis le moi >w< ]

« Dis Ye Hyun, pourquoi tu ne parles pas ? C’est parce que t’es trop bête pour ça hein ? ah ah ah… »
« Laisse le, il ne mérite pas qu’on lui parle. »

C’est sur ces mots que la bande de préadolescents fit demi-tour, pour aller s’amuser plus loin. A cette époque là, Yu Hyun avait 12 ans. A cette époque là déjà il était différent. Il l’avait presque toujours été bien sur, mais vers cet âge, quand on commence à devenir « grand » la différence ça fait peur. On cherche à tout prix à être comme les autres, à se fondre dans la masse. On achète les vêtements qu’achètent les autres, on écoute les groupes que les autres écoutent… bref, on devient un parfait petit mouton. Et lorsque vous vivez dans la haute société, cet esprit est encore plus présent. Etre différent revient à… être un moins que rien ? C’est un peu ça. Alors forcément, quand on se ressemble tous on s’attaque à ceux qui ne sont pas des copies conformes des autres. Pour ne pas s’ennuyer peut être ? Enfin, le fait est que durant son adolescence Ye Hyun fut souvent victime de brimades. Et pas des plus gentilles. Bien sur il ne parlait pas, avait toujours l’air de vivre sur la lune… mais comment voulez vous vous ouvrir aux autres dans ces conditions ? C’est impossible n’est-ce pas ?
C’est à 14 ans que le jeune homme avait finit par prendre sa décision. Rester dans ce monde qu’il s’était créé. Les méchancetés le blessaient plus qu’il ne le voulait. Et puis dès que ces jeunes apprenaient que ses parents avaient construit la maison de tel ou tel célébrité ils devenaient comme par hasard ses amis. Vivre dans l’hypocrisie et dans la superficialité ne l’intéressait pas. Alors Ye Hyun resta tel qu’il était.

Cela dérangeait ? Tant pis. Ses parents ne le connaissaient pas. Ils voulaient qu’il s’ouvre aux autres et ait des relations, sans savoir que c’est ce qui le rendait malheureux. Quand aux autres adultes et jeunes qu’il côtoyait, Ye Hyun leur montrait une totale indifférence, ce qui avait tendance à agacer. Alors non il n’était pas spécialement surpris du comportement de Soo Bin envers lui. Il n’était pas le premier à se comporter de cette façon; à s’énerver parce qu’il restait dans son monde. Ou bien à être surpris lorsqu’il lui arrivait d’agir avec impulsivité. Parce que non, ce n’était pas dans les habitudes de Ye Hyun d‘agir aussi spontanément qu’il venait de le faire en attrapant les affaires de l’autre adolescent pour les ranger. Même lui vous l’avouera. Mais cela lui arrivait de temps en temps, ce qui est normal après tout. Enfin, pour être franc, s’il avait fait ça, c’est surtout parce que Soo Bin l’effrayait un peu. Un peu plus et il se prenait un coup, il en était presque persuadé. Oh ? il exagérait sans doute oui, mais qui sait…

Et puis il avait recommencé, une deuxième fois, en prenant la parole de lui-même alors que l’autre adolescent lui tournait le dos pour partir. Ca avait mit du temps, mais finalement c’était sortit. Pourquoi est-ce qu’il s’énervait toujours contre lui. Cette question, Ye Hyun se l’était posée un bon nombre de fois. Parce que selon lui, Ye Hyun ne méritait pas cette colère. Non, au contraire même. Et puis il y avait cette autre question : pourquoi tenait-il autant à le savoir ? Après tout, le décoloré n’est pas du genre à s’intéresser à ce que pensent les autres. Il se fiche de ce qu’on peut lui dire… en général. Parce que oui, avec Soo Bin c’était différent, et il ne comprenait pas, et ne comprends toujours pas pourquoi.

Et c’est les bras croisés qu’il obtenu finalement sa réponse. Et à ce moment là, Ye Hyun regretta d’’avoir posé cette fichue question. Parce que les mots qu’il avait employés lui faisaient mal quand même. .. Pas assez fort? Peut être bien.. Mais qu’est-ce qu’il en savait? Il ne le connaissait pas! Ces mots il n’avait pas le droit de les prononcés. Il n’a pas vécut les mêmes choses que lui, il n’a pas connu les mêmes personnes que lui. Il ne savait rien.
Petit à petit la colère s’empara de Ye Hyun, chose qui n’était pas arrivée depuis un bon moment déjà. Plusieurs années peut-être ? Soo Bin avait réalisé un miracle en un sens. Alors bien sur, quand on dit miracle on imagine toujours quelque chose de positif, pas quelqu’un qui s’énerve. Mais là oui. Parce que finalement, Ye Hyun s’était peut être réveillé. Un tout petit peu. Ses yeux suivaient Soo Bin tandis qu’il commençait à reprendre sa route, de dos. Et ils sont encore sortis tous seuls... Ces mots.

« Tu ne sais rien ! Tu ne sais pas pourquoi j’ai créé cette « petite bulle » comme tu l’appelles. Tu ne connais rien de moi et tu te permets de me juger? Tu n’en as pas le droit. Je ne suis peut être pas assez fort pour en sortir, mais comme tu le dis je ne veux pas. Elle me protège. Et toi qui te protège? Tu joues les durs en permanance, ce n'est pas mieux. »

Après avoir dit ce qu’il avait à dire avec un regard qui se situait entre le défi et la colère Ye Hyun recommença enfin à se mouvoir en se tournant vers la porte du hall.

Figurez vous que dans la logique Ye Hyunienne (car oui, le jeune décoloré est parfois capable de faire preuve de logique) tout le monde à besoin de quelqu’un ou quelque chose pour se protéger. Pour lui, en l’occurrence c’était le monde qu’il s’était créé, et qui lui permettait d’ignorer le vrai, celui qui l’entourait. D’autres personnes elles, avaient ce que l’on appelle « un fétiche ». Vous savez un objet auquel on tient énormément et dont on ne peut se séparer. Et si jamais cela arrive vous avez l’impression qu’un tas de catastrophes peuvent vous arriver. Et puis il y a la solution la plus courante. Celle où l’on compte sur les autres. Après tout, qui protège les jeunes enfants ? Leurs parents. Les amis sont là pour ça également, ainsi que les gens amoureux. Qui n’irait pas protéger la personne qu’il aime ? Le contraire serait surprenant n’est-ce pas ? Donc pour lui Soo Bin était comme tout le monde. Même s’il jouait les garçons durs et forts, ce qu’il était de toute évidence, il devait forcément avoir lui aussi un objet ou une personne sur qui compter. Le contraire ne serait pas logique, toujours selon Ye Hyun.

Oui Soo Bin pouvait être fier de lui, il y avait de quoi. Il avait été le premier à réussir à ce que le jeune alien sorte de ses gonds. Chose que personne n’avait réussit jusqu’à présent, et ce, depuis… plusieurs années déjà. Après tout si Ye Hyun était bien connu en dehors de son côté un peu bizarre c’était bien pour son impassibilité à toute épreuve. Pas un sourire, un froncement de sourcils.. Rien. Quelques larmes parfois quand on se montrait vraiment dur avec lui, mais rien de plus. Alors le voir s’énerver de cette façon et prononcer plus d’une phrase à la suite, oui c’était un exploit. Sauf que voilà, maintenant il était en colère contre Soo Bin. Non mais vraiment de quel droit le jugeait il ainsi ? D’un certain côté le décoloré se sentait énervé pour cette raison, mais plus que ça, il ne voulait pas que l’autre adolescent ait une image négative de lui. Pourquoi ? Ca non plus il ne savait pas. Mais le fait est là, il voulait que Soo Bin l’apprécie.
Alors après avoir remit son sac correctement Ye Hyun se dirigea vers l’entrée du hall, pensant avoir mit un terme à cette courte discussion. Faux. En quelques secondes Soo Bin se retrouva à côté de lui, son bras autour de ses épaules. D’abord légèrement surpris, Ye Hyun réagit comme il le faisait toujours dans de telles circonstances, il fronça légèrement les sourcils et pencha la tête sur le côté, comme le font les chiots parfois lorsqu’ils ne comprennent pas ce qu’il leur arrive. Et puis l’index de l’autre adolescent vint se planter sur sa joue. Lorsqu’il releva la tête, Ye Hyun aperçu un magnifique sourire orner les lèvres de l’autre jeune homme tandis qu’il lui répondait joyeusement. Tout ça était un peu trop étrange aux yeux du jeune décoloré. Soo Bin s’était mit en colère lui aussi deux minutes auparavant, et voilà qu’il avait l’air.. heureux.

Soo Bin : « Je me protège moi-même tu sais. Je trouve que c’est largement suffisant, tu ne trouves pas ? »

Et le voilà qui riait. Un rire moqueur bien évidemment. Bien que déconnecté de la réalité Ye Hyun avait tout de même comprit cela. Et il se renfrogna un peu plus, agacé. Il n’avait pas le droit de se moquer de lui. Et il n’avait pas le droit de changer de comportement comme ça. Ye Hyun ne savait pas comment se comporter maintenant. Et puis, il devait bien avoir quelque chose lui aussi. C’était obligé, il ne pouvait pas se protéger tout seul. Et sur cette pensée Ye Hyun se fit une promesse. Il découvrirai ce qui protégeait Soo Bin. Et s’il n’y avait vraiment rien comme ce dernier l’affirme, il le ferait lui s’il le faut. Enfin, du mieux qu’il pourra en tout cas.

« Tout le monde a quelqu’un ou quelque chose qui le protège. Alors, toi aussi. Mais tu ne le sais peut être pas.»

Ce fut les quelques mots que chuchota Ye Hyun en guise de réponse tandis que Soo Bin le dépassait rapidement, s’approchant un peu plus de la porte. Puis il finit par se retourner, changeant à nouveau de comportement. Cette fois c’était un regard, plus que troublant. Ye Hyun n’avait encore jamais vu un tel regard chez l’autre jeune homme et ne savait pas vraiment comment le prendre jusqu’à ce qu’il entende ses mots.

Soo Bin : « Tu sais tu devrais te mettre en colère plus souvent. Tu as un de ces charmes quand tu te mets dans tous tes état. »

De .. hein ? Le pauvre Ye Hyun sentit ses joues s’empourprées sous les mots de Soo Bin. C’était bien la première fois qu’on lui faisait un compliment de ce genre. Alors non il n’y était pas habitué. Et puis, venant de Soo Bin, ça lui faisait un drôle d’effet. Sans doute parce qu’il était habitué à l’entendre râler après lui. Oui sans doute… Le jeune décoloré mit ses mains dans ses poches avant de détourner sa tête, légèrement mal à l’aise.

« Dis pas des choses comme ça…. Tu… tu es bizarre. »

La deuxième phrase faisant bien évidemment allusion à son comportement.